A la Porte d'Apollon

Une chronique grecque, 1980-2015

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Aghia Anna


Face à la mer, au loin, la petite chapelle, toute blanche, au bout de son promontoire. A ses pieds, des baraques de pêcheurs, des barques délabrées sur le sable, un vieux moteur diesel rouillé, et les algues noires séchées de la Mer Egée. Aghia Anna.

On marche quelques centaines de mètres, voici la taverne d'Angelo et Koula, sur la plage de Prokopios. Angelo y prépare des omelettes aux patates dans la même huile rance qui a servi à frire le poisson. Koula sert le poulet fraichement égorgé par son mari derrière la maison...

Il y a aussi le lac salé, qui empeste le saumâtre dès que le soleil tape. Le soir, on vient des alentours y ramasser le sel rouge mêlé de sable. Et boire un verre à la taverne aux moustiques, de l'autre côté de la rive.

J'habite chez Dimitri, juste en face d'Aghia Anna. Le matin, le ronronnement du moteur du cargo venu charger sa cargaison de pommes de terre me réveille. A moins que ce ne soit le haut-parleur crachotant de la voiture des gitans. « φρέσκα κοτόπουλα !* »

L'après-midi, aux heures les plus chaudes, le grand-père de Dimitri, dans son costume bleu de vieux paysan, s'allonge à même le sol, face au soleil, dans son champ de melons. Il fait la sieste. Sous la Porte d'Apollon, le temps s'est arrêté à Naxos.



*"Volailles vivantes !"