"C'est maintenant que toutes les provinces se trouvent heureuses d'être soumises à un empire dont le chef, disposant de la fécondité des terres, la transporte d'un lieu à l'autre, selon les temps et les besoins, et nourrit une nation séparée par la mer, comme si c'était une partie du peuple et des tribus de Rome. Le ciel n'est jamais assez prodigue de ses dons pour dispenser à tous les pays à la fois une égale abondance : le prince bannit à la fois de tous, non la stérilité sans doute, mais les maux qu'elle entraîne; il y porte, sinon la fécondité, au moins les biens qu'elle procure; il unit par de mutuels échanges l'Orient et l'Occident; et les nations, recevant l'une de l'autre tout ce qui peut être produit ou désiré quelque part, apprennent combien les sujets de l'empire sont plus heureux sous les lois d'un seul maître que parmi les luttes qu'enfante l'indépendance. Car, tant que les biens de tous restent séparés, chacun porte séparément le poids de ses maux ; quand ils sont confondus et mis en commun, les maux individuels ne sont ressentis de personne, les biens de tous deviennent la propriété de tous. Mais, soit que chaque terre ait sa divinité particulière, ou chaque fleuve son génie protecteur, je prie la terre d'Égypte, et le Nil qui l'arrose, de se contenter de cet exemple de la libéralité impériale, et de faire qu'un sol fécondant reçoive les semences et les rende multipliées. Nous ne réclamons point d'arrérages; peut-être cependant croiront-ils en devoir; et, d'autant plus généreux que nous exigeons moins, ils absoudront par des années, par des siècles d'abondance, la foi trompeuse d'une seule année."

(Pline le Jeune, Panégyrique de Trajan)