Komboloï - Athènes, Grèce - juin 1988 (?) Alors que le compte à rebours de l'éventuel « Grexit » est commencé, cette image de ce vieux monsieur, se promenant dans les rues d'Athènes avec son komboloï, me semble s'imposer. Le komboloï, petit collier de perles que presque tout grec qui se respecte possède, est une espèce de chapelet avec lequel on joue machinalement, histoire de passer le temps ou de se relaxer... Je crois qu'en ces temps troublés, mes amis grecs ont bien besoin de leur fidèle komboloï. Et ce vieil athénien marchant dignement vers son destin sonne comme un présage.
Limerick, Irlande – Septembre 1988 « Le gentleman et la petite fille ». Je crois me souvenir que cette image a été prise dans un pub qui sentait la cire encaustique, le bois et le tabac (on avait encore le droit de fumer à l'époque...) de Limerick, sur la côte ouest irlandaise, dans un fond de baie comme l'île en a le secret. Ce vieux monsieur très digne semblait être là depuis toujours, il faisait partie du décor. J'aime bien le mouvement de la petite fille, un courant d'air dans cet univers feutré. Merci à mon vieux Leica d'avoir été discret pour saisir cet instant.
Rosslare, Irlande – Septembre 1988. En fait, je ne me souviens plus exactement de la date... 87, 88 ??? Peu importe. Cette image, prise au début d'un périple en Irlande, est typique de mon style photographique d'une époque. Un mélange de construction visuelle à la Henri Cartier-Bresson (en toute modestie, bien entendu …) que je vénérais, et d'humour à la Martin Parr ou à la Richard Kalvar (toujours en toute modestie!). Et puis, ce groupe d'Irlandais sur la plage de Rosslare, par un jour un peu gris, que faisaient-ils vraiment ? Qu'est ce qu'elle regarde la dame, hein ? Et le papy à la pipe, il ne pourrait pas l'enlever du sable vaseux, son petit-fils ? Cette image, avec le temps, me paraît complètement décalée, d'une autre époque, les années 50, Jacques Tati …
Le montreur d'ours – Moscou, URSS - février 1989 Voilà déjà un an que je partage avec vous mes images du siècle dernier (entendez par là jusqu'en 2000)... Pour commencer 2016, voici une photo prise à Moscou, en pleine Perestroika, dans un petit parc. Le montreur d'ours était sans doute tchètchène, et les badauds, pourtant blasés, n'en croyaient pas leurs yeux. L'ourson voyageait dans le landau de bébé, il n'avait pas l'air malheureux, mais qui sait, en ces périodes troublées de la fin du communisme, s'il ne ruminait pas sa grandeur passée... Je crois me souvenir qu'au bout de quelques instants, le propriétaire du plantigrade m'a demandé bourrument d'arrêter de photographier. Bonne année à toutes et tous, merci d'être toujours plus nombreux à suivre mes histoires, j'espère vous intéresser encore pour les 52 semaines à venir !
Juste des fleurs – New-York, Mai 1989 Je ne savais pas trop quoi poster ce soir, après ce qui vient de se passer à Bruxelles. Et puis, je suis retombé sur cette image, prise il y a longtemps du côté des Twin Towers. Ce livreur de fleurs noir, avec son bouquet, dans le clair obscur des rues de Manhattan, je ne sais pas où il allait, à l'époque. Sans doute fleurir un bureau ou une cérémonie de mariage... Mais aujourd'hui, il pourrait se rendre du côté de Zaventem ou de Maelbeek, ou Place de la République, ou au Bataclan, ou au Taxi Brousse à Ouagadougou... Ce ne sont malheureusement pas les lieux qui manquent.
Ma Plage – Talmont sur Gironde – France – hiver 1988 « The world is turnin', I hope it don't turn away, The world is turnin', I hope it don't turn away. All my pictures are fallin' from the wall where I placed them yesterday. The world is turnin', I hope it don't turn away. » (Neil Young, On the Beach) C'était la plage de mon enfance, celle où j'ai appris à nager, sur les bords de la Gironde. A marée basse, il fallait marcher longtemps dans la vase pour atteindre la mer. Et seulement aux grandes marées, on n'avait pas pied, tellement l'eau était peu profonde. Sur la petite dune, en bord de la route côtière, je construisais des forteresses de sable. Plus tard, j'y ai connu mes premiers amours d' adolescent. Les grandes tempêtes de l'an 2000 ont complètement changé la physionomie du lieu. La plage est encore plus petite aujourd'hui. Et les herbes ont poussé sur la vase, empêchant la marée d'arriver. Ces images, je les ai prises avec mon Fuji 4,5X6 folding, un superbe appareil, mais fragile comme du verre. Fragile comme ces souvenirs d'étés passé .
Looking for America – NYC- mai 1989 « So we bought a pack of cigarettes and Mrs. Wagner's pies And we walked off to look for America Cathy, I said as we boarded a Greyhound in Pittsburgh Michigan seems like a dream to me now It took me four days to hitchhike from Saginaw I've gone to look for America » (Simon and Garfunkel) Ce matin aussi, je regarde l'Amérique …
« Making plans for Nigel », trois casquettes et un chapeau – Dublin, Irlande – septembre 1988 XTC Babies. Le tag sur le mur situe l'époque. « Making plans for Nigel... », voilà qui doit rappeler des souvenirs aux plus vieux. Les trois gaillards aux casquettes qui vont de pub en pub, l'air décidé, l'accordéoniste rock n' roll, tout cela fleure bon l'Irlande des années 80. Nous avions parcouru l'île en tous sens, les irlandais parlaient un anglais exécrable, il faisait souvent un temps de cochon, mais les souvenirs sont toujours là. Cette année encore, je vais essayer de vous montrer quelques images du temps passé. Excusez-moi par avance de l'irrégularité des posts, et « see you babies ! »
Solitude - Athènes, Grèce - Novembre 1988 Ce motard plongé en pleine rue dans sa secrète lecture, je l'ai saisi un soir de novembre, il y a presque trente ans de cela. Est ce que les choses ont changé à Athènes depuis cette époque ? Sans doute. La ville s'est incroyablement modernisée, européanisée, parfois au détriment de sa singularité. On roule désormais avec un casque, ce qui semblait inconcevable il y a trois décennies. Contrairement à ce que l'on voit sur cette image, la cité grouille de monde, particulièrement dans le centre-ville. Mais aujourd'hui, crise économique oblige, on ressent de la lassitude, du renoncement chez les grecs. Tristesse. Je quitte demain Athènes, pour un prochain retour « at home » après un long séjour. Un peu de tristesse aussi, donc.
Manhattan, New York – Mai 1989. Le taxi nous amenait de l'aéroport à Manhattan, pour une première visite à la Grosse Pomme, pour cadre d'un congrès professionnel. Pendant le trajet, c'était déjà comme dans les films... Et puis voilà, dans le cadre du pare-brise, derrière la croix brinquebalante accrochée au rétroviseur, apparaît le pont de Brooklyn. Comme dans un Woody Allen. Magique. New York était encore vierge des attentats, les écureuils se baladaient au pied des Twin Towers, Harlem n'était pas encore « hype »...