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Raiatea, Polynésie française, mai 1993. Un voyage de 6 mois dans le Pacifique. J'avais emmené une chambre folding pour photographier les alizés... Lors d'une escale à Raiatea, sur le port, ces trois gamins s'émerveillaient de cet appareil déjà d'un autre âge. C'était au siècle dernier, le numérique n'existait pas encore.

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Huahine, Iles sous le Vent, Polynésie - Mai 1993. Les enfants jouent sur le port, plongeant dans les eaux du lagon, suspendus aux amarres de la vieille « goélette » qui fait la navette avec Tahiti, pour amener aux iliens les denrées de première – et aussi de seconde – nécessité. Nous avions voyagé toute la nuit dans la cabine pourrie d'un bateau comme celui-ci, entre les cafards et la rouille, hublots brisés ouverts à tous les alizés et aux grains incessants. La mer était particulièrement mauvaise, grande houle du Pacifique, et une otite contractée en plongeant dans les patates de coraux contribuait largement à me donner le mal de mer. Il va sans dire que l'arrivée à bon port à 4 heures du matin fut plutôt bien accueillie. Même si la baraque qui tenant lieu de café sur les quais tardait à ouvrir...

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Territoires du Nord – Australie – Avril 1993. Première rencontre avec les aborigènes, pas très loin de Uluru, une piste en bordure de la Stuart Highway... Ceux-là se sont arrêtés en bord de route, histoire de vider quelques bières, loin du regard de la police aborigène. C'était notre premier séjour en Australie, un peu plus de deux mois à parcourir le continent en tous les sens. Le choc. La terre rouge, les mouches, la culture aborigène, le Pacifique. J'y suis retourné depuis encore deux fois, un appel irrésistible.

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Papeete - Tahiti – Mai 1993. Regardez les pieds de ce polynésien qui vient d'embarquer avec nous sur la « goélette » en partance pour les Iles sous le Vent … Un contraste étonnant avec ceux de sa femme qui l'accompagne dans le voyage. Je ne saurai jamais ce qui a pu les rendre si noirs ... Comme de nombreux îliens, ils vont passer les prochaines 24 heures sur le pont, dans le confort tout relatif de la natte qui leur tient lieu de couchette. Quant à nous, privilégiés, nous avons hérité d'une cabine. Un luxe, même si les vitres des hublots sont cassées, si les cafards partagent notre logis, et si la rouille ronge les parois. C'est aussi cela, le charme du Pacifique.

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Uluru (Ayers Rock) Central Australia - Avril 1993 – Cette image a longtemps été un de mes «grands classiques» ;-) : le coucher de soleil sur le Rocher Rouge, les deux « Aussies » typiques (lui est coiffé d'un Akubra), la Holden Commodore verte comme dans les chansons de « Melbourne Aussie » de Charlélie Couture … Je me souviens encore du parking écrasé par la chaleur, des milliers de mouches du désert attirées par la présence humaine, mais aussi de nos voisins... car contrairement à ce que peut faire croire l'image, ce « spot » est incontournable pour voir le coucher de soleil sur Uluru. Résultat, le parking affiche souvent complet. Une dizaine d'années plus tard, nous sommes retournés au même endroit. Un serveur attendait les touristes auprès d'une table à la nappe blanche immaculée, bouteilles de champagne au frais ...

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Akaroa, Nouvelle Zélande - Janvier 1993 – Le « Pays du Grand Nuage Blanc » a beau évoquer tout à la fois la Normandie, les glaciers des fjords ou encore les monts d'Ecosse, il n'en reste pas moins un pays aux animaux et coutumes étranges... Comme ce jeu, le bowling green, mélange de pétanque, de croquet ou encore de curling, pratiqué par des gentlemen en shorts et soquettes et des ladies en jupes blanches des années 50. Nous avons pu admirer cette partie, sans bien en comprendre les règles (!) à Akaroa, à quelques kilomètres de Christchurch, dans lîle du sud. Un ancien village français, par ailleurs …

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Vol NZ 01 - Quelque part au-dessus de l'Atlantique – Janvier 1993. On peut difficilement faire plus long : presque 24 heures d'avion, plus l'escale à Los Angeles. Londres-Auckland, Nouvelle-Zélande. Cette fois-là, nous voyagions en Business Class. Le temps passe plus vite, et à l'époque, c'était open bar à toute heure. J'aimais bien ces grands vols intercontinentaux, une façon d'être hors du temps pour quelques heures. Parfois, l'avion avait de petits soucis, mais tout finissait par s'arranger. Lors de ce périple dans le Pacifique, notre Boeing de la Quantas avait perdu l'usage d'un de ses deux moteurs. J'étais étonné de la zen-attitude des hôtesses, qui continuaient à bavarder comme si de rien n'était, jusqu'au retour d'urgence à Sydney...

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Le temps n'a pas de prise … sortie de messe à Nuku Hiva, aux Marquises, enfants jouant sous les cocotiers à Takapoto, aux Tuamotu – juin 1993 « ...La pluie est traversière Elle bat de grain en grain Quelques vieux chevaux blancs qui fredonnent Gauguin Et par manque de brise le temps s'immobilise Aux Marquises …/... Les pirogues s'en vont, les pirogues s'en viennent Et mes souvenirs deviennent ce que les vieux en font Veux tu que je dise gémir n'est pas de mise Aux Marquises... » L'une des plus belles chansons de Jacques Brel, « Les Marquises », qui me trotte toujours dans la tête quand je repense à ce périple dans le Pacifique qui nous mena des Iles Sous Le Vent aux Tuamotu, en passant par les Marquises. Sur la photo du bas, on distingue l'Aranui, cargo-mixte qui assurait transport du coprah et des voyageurs. J'ai adoré les Marquises, ces îles perdues, la gentillesse des habitants, la ferveur des sermons pendant la messe, la pluie chaude sur la végétation luxuriante, les piqûres des « nono », ces minuscules moustiques qui pullulent sur les plages. … « et mes souvenirs deviennent ce que les vieux en font... »

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Bateaux de nuit – Polynésie Française, Raiatea, Bora Bora – Mai 1993 Une pause dans ma série d'images et d'histoires sur la Grèce. Mais on continue quand même avec des histoires de bateaux, pour faire le lien … Il y a 24 ans presque jour pour jour, nous sillonnions les Iles sous le Vent à bord de « goélettes » comme celles-ci. En fait, des vieux cargos mixtes qui cabotaient d'île en île, transportant le copra, les marchandises de première nécessité, et aussi quelques voyageurs. Le confort était rustique, je me souviens d'avoir passé une nuit de tempête entre Tahiti et Raiatea, coincé dans une couchette rouillée, les cafards dansant la danse du ventre bercés par la houle. Certes, c'était toujours mieux que de voyager dans la cale, comme de nombreux Tahitiens le faisaient, obligés de se protéger du mauvais temps. D'habitude, ils préféraient passer la traversée assis à même le pont. Cet inconfort relatif était heureusement récompensé, quant on arrivait au port au petit matin, et que la « roulotte » sur le quai nous attendait avec un café chaud ...

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Bizarreries du Bout du Monde – Nouvelle-Zélande, janvier 1993 Il y a un bouquin de Wim Wenders que j'aime beaucoup, qui date des années 90, et qui s'appelle « Une fois ... ». Il y consigne en mots et en images des lieux et des situations souvent absurdes ou terriblement banales, collectés aux quatre coin de la planète. C'est un peu à ce livre que me font penser ces trois images improbables prises lors d'un long périple dans l'hémisphère sud, en 1993. Elles ont été réalisées respectivement à Napier, Picton et Nelson, en Nouvelle-Zélande. Il ne s'y passe rien, sinon une étrange sensation de « bizarre »... J'adore !

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Aux Marquises, le temps s'immobilise – Ua Pou et Nuku Hiva, Marquises – Mai 1993 « Les pirogues s'en vont Les pirogues s'en viennent Et mes souvenirs deviennent Ce que les vieux en font ... » Ces images ont été prises avec ma vieille chambre Horseman Folding, que j'avais achetée exprès pour documenter ce long séjour sous les tropiques, au début des années 90. Nos pas, ou plutôt le vieil Ara-nui, cargo-goélette de Tahiti, nous avaient menés aux Marquises. J'y avais rencontré ces trois gamins, fiers comme tout de poser avec leur coq de combat. Pas facile de retenir leur attention les quelques minutes qu'il fallait pour mettre en œuvre tout le bazar photographique ! La cathédrale de Ua Pou, elle, était plus patiente...

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« Fiu » - Tahiti – Mai 1993 « Le fiu présente des analogies avec le spleen anglais et la saudade portugaise. Nonchalance, détachement causé par des états d’âme ; il exprime non-seulement ce sentiment de lassitude, de dégout, d’ennui mais aussi la langueur... » Dixit Wikipedia. Qui n'est pas allé en Polynésie quelques temps ne peut pas comprendre. C'est vraiment propre au pays et à la culture tahitienne. Et ça va bien avec ces deux images, coucher de soleil tremblé sur les pirogues, cocotiers après la tempête. Longtemps, le « Fenua » m'a manqué, mais c'est loin tout çà maintenant.

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KFC Sunset – Nelson, Nouvelle Zélande – Janvier 1993 Bon, d'accord, ce ne sont que de beaux couchers de soleil... Pardon, pas tout à fait, car la lumière de l'hémisphère sud a quelque chose de spécial, avec ses ciels immenses. J'ai retrouvé cette impression en Patagonie. Ici, à Nelson, dans l'île du Sud de la Nouvelle Zélande, à l'heure rouge, les deux surfers n'avaient qu'à passer de l'autre côté de la digue pour se retrouver dans la circulation du crépuscule. On avait fait de même, pour se retrouver à commander au KFC local (celui que l'on aperçoit au bout de l'avenue) des « chicken wings » que l'on allait dévorer dans notre chambre de motel. Et bien, croyez-moi, depuis ce soir là, je n'ai plus jamais mangé de cuisses de poulets panées. Même au bout du monde, les expériences culinaires ont leurs limites. Et j'évite furieusement tous les KFC de la planète.

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Les plongeurs – Raiatea, Polynésie Française – Mai 1993 Ah les petits plongeurs de Raiatea … Quelques instants auparavant, ils regardaient avec curiosité la chambre photographique que j'avais installée sur le quai de débarquement du copra. Ils n'avaient sans doute jamais vu un tel engin de leur vie. Ca avait créé des liens, et j'avais pu rester longtemps en leur compagnie pour saisir un de ces instants de grâce, au Leica cette fois. Parfois, les tropiques me manquent, la douceur du lagon, le « fiu », les geckos qui caquètent sous le toit du faré. Retournerai-je un jour là-bas, je ne sais. C'est loin tout ça.

Il était une fois...

Ello-logo

En 2014 naissait Ello, un réseau se présentant comme l'anti-Facebook : pas de publicité, libre, ne marketant pas ses utilisateurs. On y entrait par cooptation, et j'ai eu la chance d'être recommandé et retenu.

Je décidai alors de consacrer cet espace à une revue commentée d'images que j'avais réalisées au cours du XXème siècle… Avec un certain succès, j'ai rapidement été suivi par quelques milliers de "followers", avec des échanges inhabituels sur ce réseau bienveillant.

Hélas, la réalité d'internet a rapidement eu raison de l'utopie d'Ello. Rebaptisé "le réseau des créateurs", ayant perdu nombre de ses membres au fil des années, celui-ci vivote en attendant de disparaitre…

On trouvera ici une re-compilation de mes posts sur Ello, dans leur version française (les originaux étaient également en anglais). In memoriam.