1962-1979
La locomotive

La locomotive – Cormeilles en Parisis, France – février 1967 (?) Cette photo a une double histoire. D'abord celle de la dernière locomotive à vapeur en service sur les lignes de banlieue de la gare de Paris Saint Lazare. J'avais 13 ans (eh oui!) quand je l'ai photographiée pour l'un de ses derniers voyages du haut du Pont des Alluets, à Cormeilles en Parisis, ma ville natale. Ensuite, je l'ai immortalisée avec mon Polaroid Swinger, un appareil mythique que je possède encore, le premier Polaroid grand public commercialisé. Avec lui, on prenait la photo, on tirait sur une languette en papier pour faire sortir la pellicule, on attendait patiemment une minute, puis on « pelait » la pellicule pour faire apparaître miraculeusement l'image... Il fallait enfin passer un liquide qui sentait la moutarde pour conserver l'image. Quand j'ai ouvert la boîte aux trésors, l'odeur de la moutarde était encore là, 50 ans après... Il y a quelques jours, Fuji, qui commercialisait encore les dernières pellicules de ce type, a décidé d'en arrêter la production. Clap de fin.

Souvenirs de famille

Souvenirs de famille – Gallardon, France, septembre 1962 – Cormeilles en parisis, France Noël 1966 ? La photo du haut, c'est ma tante, lors de son mariage. J'avais 8 ans quand j'ai pris cette photo, avec de la pellicule couleur Kodacolor et mon Brownie Kodak. Un vrai petit appareil de reportage, avec son gros flash à lampes qui grésillaient. Mon oncle et ma tante s'étaient mariés près de Chartres, et je me souviens très bien de deux choses : sur le menu du dîner, il y avait marqué, entre la viande et le fromage, « quelques feuilles »... de salade, bien entendu, mais comment voulez-vous qu'un petit garçon de huit ans puisse deviner cela ? L'autre souvenir, c'est que le dimanche matin, nous étions allés visiter la cathédrale de Chartres, j'avais photographié les vitraux. J'ai retrouvé les négatifs, c'était plutôt raté !!! Sur l'image du bas, ce sont mes grands parents maternels, devant l'arbre de Noël familial. Une photo réalisée avec mon Polaroid Swinger, dont j'ai déjà parlé auparavant. J'aime bien la posture, super sérieuse. Mes grands parents n'aimaient pas trop être photographiés, question de pudeur et de timidité. Je suis content que cette image ait résisté aux années, il ne me reste que si peu de souvenirs visuels d'eux.

La Gitane

La Gitane – Talmont sur Gironde, France – Août 1974 Pendant très longtemps, j'ai considéré que ce portrait était l'un des meilleurs que j'ai réalisé... Avec le temps, mon auto-satisfaction s'est un peu calmée, mais néanmoins, le visage de cette jeune femme, dans son stand de tir de fête foraine, a toujours quelque chose de particulier. Les bouclettes dans les cheveux, peut-être... En tous cas, quand je revoie cette image, je me remémore parfaitement ces moments de fête, quand j'étais gamin, lors de la « frairie » de Talmont, le village ou je passais mes vacances d'été. La jeune femme était déjà là, plus jeune, avec son père, qui avait toujours l'air un peu triste...

Orlando Furioso

Orlando Furioso – Pavillon Baltard, les Halles – Paris, hiver 1973-1974 
Cette image ne date pas d'hier. Durant l'hiver 73-74, les derniers pavillons Baltard des Halles de Paris finissent d'être détruits par les bulldozers... Une époque s'achève. Trois ans auparavant, j'avais vu l' »Orlando Furioso » de Luca Ronconi dans ces mêmes Pavillons. Un souvenir inoubliable de ce qui a mon sens reste l'une des plus extraordinaires mises en scène théatrales jamais réalisées. « Des cavaliers fous chevauchant licornes et hippogriffes fendant la foule, des chariots roulés à bras d'hommes installant trois, six aires de jeu simultanées avant d'entraîner le public dans un labyrinthe grillagé, tel était Orlando Furioso d'après l'Arioste, première apparition de Luca Ronconi en France. » (Encyclopaedia Universalis, article Luca Ronconi).

Le petit singe

Le petit singe – Talmont sur Gironde – été 1974 L'été est presque fini, voilà donc une dernière image du village de mes vacances de jeunesse. Tous les étés, vers la mi-août, un cirque venait s'installer sur la place, au pied des murailles. C'était un petit cirque « à l'ancienne », avec ses clowns tristes, ses numéros de cirque approximatifs, et ses quelques animaux soit-disant savants. Mais pas un gamin du village ne voulait manquer le spectacle, même si c'était le même depuis des années... Avec mon Ifbaflex (!) de l'époque, j'avais immortalisé ce petit singe, qui s'ennuyait ferme en attendant d'entrer en piste. J'ai toujours une tendresse particulière pour cette image, elle raconte bien ces moments en marge.

My Generation

My Generation - Fête de l'Humanité - La Courneuve. Septembre 1972 People try to put us down (Talkin' 'bout my generation) / Just because we get around (Talkin' 'bout my generation) /Things they do look awful cold (Talkin' 'bout my generation) /Yeah, I hope I die before I get old (Talkin' 'bout my generation) … Sur la photo du haut, en attendant les Who à la Fête de l'Huma. Une légende du rock. Cet après-midi là, ils avaient joué tellement fort qu'ils avaient fait disjoncter le courant dans tout le département, plongeant la fête dans le noir et la pluie au beau milieu de « Long live rock n' roll » … Mes copains d'alors s'appelaient Jacques, Alain, Titi, Mickey, Julie, Sabine, Patrick... Dans l'image du bas, nous squattons une cabane dans la forêt de Milly, près de Fontainebleau. Un de nos nombreux week-ends déjantés et défoncés. C'était une époque sex, drugs et rock n'roll. Nous avons tous fini par nous perdre de vue, mais auparavant, certains y ont perdu la tête et quelques uns y ont aussi laissé la vie.

Les vieux du village

Les vieux du village – Talmont sur Gironde – France – été 1976 Cet été, je suis retourné rendre visite au village de mes vacances de jeunesse. Je n'y avais pas mis les pieds depuis plusieurs années. Les choses ont bien changé, quoi de plus normal... A l'époque, c'était un petit village de pêcheurs et d'agriculteurs, avec ses commerces de proximité, ses habitués du bar local, et ses familles qui revenaient chaque été passer les vacances au bord de l'estuaire. Sur les images ci-dessus, il y a Irène Mailleur, femme d'un pêcheur du cru, qui tenant une modeste épicerie-quincaillerie à l'entrée du bourg. Son mari livrait à bout de bras les bouteilles de gaz à domicile. Et puis, vous faites connaissance avec Monsieur Raclet, qui vivait avec sa femme dans une petite maison au pied des remparts, à deux pas de la plage. Ses poules vivaient en liberté, et se nourrissaient de crevettes et de petits poissons trouvés sur le sable. Mes parents achetaient les œufs, et je me souviens qu'ils avaient un goût iodé prononcé... Comme le dit un excellent photographe qui tient aussi une chronique sur internet, Alain Keler (http://alain-keler.tumblr.com) « Ce journal rassemble des photos qui ne sont pas forcément mes meilleures, mais qui représentent un quotidien de photographe, et qui, mises bout à bout donnent une idée d’un long trajet à travers le temps. A défaut de changer le monde, les photos restent, et c’est ce qui fait la force de la photographie. » Je ne pourrais dire mieux...

Polas

Souvenirs de Polaroïds – Talmont sur Gironde, France – autour de 1972 Il n'y a pas longtemps (voir l'un de mes posts précédents, « la Locomotive »), j'ai retrouvé toute une série de vieux Polaroïds datant du début des années 1970, certains même étant encore plus anciens. Peu importe les défauts de ces images de jeunesse, elles témoignent surtout de l'extraordinaire potentiel des inventions du Docteur Land. Sur ces deux clichés, sans doute pris durant l'été 1972, je m'amusait comme un petit fou à des effets picturalistes. Ma petite sœur a ainsi eu le droit à une surimpression techniquement osée, et la vieille charrue à un coup de « flare » tout aussi exceptionnel. Trêve de plaisanterie. Près de 45 ans plus tard, les couleurs ont certes passé, mais elles sont toujours là. Et le noir et blanc mal fixé a résisté aux outrages du temps. Chapeau !

Autoportrait

Autoportrait - Avril 1978 - Pour Leo, mon cousin photographe... « Leo, je lui doit beaucoup. C'est lui qui m'a mis le pied à l'étrier, alors que j'avais 18 ans, en m'ouvrant quelques étés durant les portes de son labo et les secrets de ses collections. Ces moments estivaux passés à discuter images et à m'initier aux mystères de la chambre noire ont été déterminants dans la suite de mon existence. Ainsi, Leo m'a vendu mon premier appareil « pro » : un Minolta SRT 101, le même que celui utilisé par Lucien Clergue, Annie Leibovitz, ou David Hamilton … excusez du peu ! (je le possède toujours, ET IL FONCTIONNE !!!) Leo m'a appris à me servir d'un agrandisseur, et pas n'importe lequel, un Leitz Fotomat … Avec cette redoutable machine, il m'a enseigné les subtilités du tirage sur les somptueux papiers Agfa Brovira et Portriga, si mes souvenirs ne me trahissent pas… Et puis, mon cousin était intarissable dès qu'il s'agissait de parler technique ou histoire de la photographie... » Voilà ce que j'écrivais il y a quelques temps sur mon blog, ici : http://bit.ly/1ciZWTo … Dimanche dernier, Leo est parti pour une dernière virée. J'espère qu'il a emporté là-haut ses Leicas, il paraît que la lumière y est belle. Et je lui dédie cet autoportrait, pris il y a bien longtemps, avec le fidèle Minolta qu'il m'avait vendu...

Paranthoen

Le zoo de ciment – Royan, France – Eté 1975 J'avais découvert par hasard la maison de Frédéric Paranthoën en me promenant dans Royan, un peu en retrait du front de mer. Il était difficile de la rater, non pas à cause de son architecture, mais parce que son petit jardin, qui donnait sur la rue, était peuplé d'un étrange zoo immobile. Pour cause, les animaux qui avaient élu domicile ici étaient tous l'oeuvre du maître de maison, Monsieur Frédéric Paranthoën, et étaient réalisés en ciment peint. La curiosité m'avait amené à frapper à la porte, et j'avais fait la connaissance de l'artiste. Un Facteur Cheval local, au talent et à l'imagination incroyables, qui m'avait fait découvrir et laissé photographier son monde imaginaire. Il y avait des animaux dans toute la maison, mais aussi des personnages, des plantes... le tout en ciment ! J'ai totalement perdu contact avec Monsieur Paranthoën, qui était malade la dernière fois que je l'avais vu, en 1976... Je ne sais pas ce qu'il est advenu de son travail après sa disparition. Il aurait bien mérité un peu de célébrité.

Il était une fois...

Ello-logo

En 2014 naissait Ello, un réseau se présentant comme l'anti-Facebook : pas de publicité, libre, ne marketant pas ses utilisateurs. On y entrait par cooptation, et j'ai eu la chance d'être recommandé et retenu.

Je décidai alors de consacrer cet espace à une revue commentée d'images que j'avais réalisées au cours du XXème siècle… Avec un certain succès, j'ai rapidement été suivi par quelques milliers de "followers", avec des échanges inhabituels sur ce réseau bienveillant.

Hélas, la réalité d'internet a rapidement eu raison de l'utopie d'Ello. Rebaptisé "le réseau des créateurs", ayant perdu nombre de ses membres au fil des années, celui-ci vivote en attendant de disparaitre…

On trouvera ici une re-compilation de mes posts sur Ello, dans leur version française (les originaux étaient également en anglais). In memoriam.